dimanche 23 janvier 2011

c) Limitée par le revenu.

Engel, statisticien prussien du XIXe, a donné son nom nom à une loi qui régirait la composition de la consommation d'une famille en fonction de son niveau de revenu. Cette loi Engel, élaborée en 1857 indique que la part des dépenses consacrée à l'habillement reste stable quelque soit le revenu alors qu'au contraire la part de l'alimentation tend à baisser quand le revenu s'élève.
On observe donc une nette difficulté à réduire les coûts associés à la Mode, voire une impossibilité. Face à son caractère éphémère, exigeant mais aussi intrégrateur social, bon nombre d'individus y attachent une grande importance et y consacrent donc une part conséquente de leur revenu mensuel. Cependant, les prix ont haussé considérablement et le marché de l'habillement se retrouve fortement ébranlé.
Depuis le milieu des années 90 et jusqu’à 2009, l’offre de matières premières textiles était abondante et les prix y étaient orientés à la baisse. Mais depuis quelques mois, les prix explosent. Le coton bat tous les records : + 80% en euros entre septembre 2009 et septembre 2010. Le lin ne serait pas en reste (+35%). De même, la hausse des cours du pétrole se répercute sur les prix des fibres synthétiques (+ 10 à 25% selon les fibres et filaments) et l’acrylique s’envole (+40 %). Aussi, les stocks mondiaux ont sensiblement baissé : en 2007, le ratio stocks/consommation atteignait 48%, il ne dépasserait pas 36 % pour la campagne en cours, le plus bas niveau depuis 20 ans selon l’International Cotton Advisory.
Au cours des deux dernières décennies, les prix moyens des vêtements achetés par les consommateurs occidentaux n’ont cessé de baisser, sous l’impulsion de la montée en puissance des grandes enseigne et d’une orientation massive de la fabriquation vers l’Asie. Les consommateurs ont alors profité de l’aubaine en achetant toujours plus de vêtements sans augmenter leur budget. Entre 1999 et 2009, les prix moyens des vêtements achetés par les consommateurs français ont ainsi baissé de plus de 15 %, alors que les quantités consommées augmentaient de près de 20%. Mais, crise oblige, les prix ont nettement augmenté.
Face au caractère durable de la situation et au risque de pénurie, on concède désormais des hausses tarifaires aux fournisseurs. Les matières premières peuvent représenter 8 à 20 % du prix de revient industriel d’un vêtement, ce qui signifierait dans les magasins une hausse des prix de la collection du printemps-été 2011 pouvant aller de 3% à plus de 20% selon les produits. On peut donc s'attendre à une baisse cruciale des ventes dans le secteur, cela n'ayant aucun lien direct avec le revenu et les lois d'Engel mais plutôt à une augmentation intense des coûts de production et donc des prix de vente. La consommation sera fonction décroissante du prix de vente en hausse. On peut donc à cette fin parler d'achats limités par le revenu, dans lequel s'inscrit tout ce qui est inhérent à la part du coût de l'habillement dans un budget. Cela encourage donc d’autres pratiques et marchés qui émergent : la revente entre particuliers, le recyclage des matières, le développement de fibres textiles agro-sourcées…

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